Choir avec Chevillard: la lecture comme exercice utopique

TitreChoir avec Chevillard: la lecture comme exercice utopique
Type de publicationJournal Article
Année de publication2015
AuteursCamus, Audrey
Titre de la revueRevue d'Histoire Littéraire de la France
Volume115
Ticket2
Pages421-434
Date de la revue06/2015
Numéro ISBN9782130653783.
Résumé

On assiste actuellement en France au renouvellement du questionnement utopique, tant dans l’actualité littéraire que dans la réflexion théorique. Ce renouvellement passe notamment par la redécouverte du texte fondateur de Thomas More, dont la facture complexe engage le lecteur dans une expérience formatrice et déstabilisante, ignorée des détracteurs de l’œuvre et qui pourrait bien constituer le cœur de L’Utopie.
L’article se propose de montrer que c’est à une semblable expérience qu’Éric Chevillard convie le lecteur de Choir (Minuit, 2010). Alors que le roman peut d’abord apparaître comme la représentation mythique de l’échec des utopies, ce premier niveau de lecture se trouve en effet contrarié de diverses manières. Non content de conférer à la pratique de la digression conjecturale chère à l’auteur une extension jamais atteinte jusqu’alors, Choir escamote tout d’abord la métalepse dont cette pratique s’accompagne habituellement. Ce faisant, il prive le lecteur du dehors qui lui garantissait une position de complice pour le livrer à l’inconfort d’une chute sans cesse réitérée au sein d’un intertexte mouvant, en proie à un vertige du sens auquel seule la catastrophe ultime viendra mettre fin. De l’utopie au mythe en passant par le monde renversé, l’analyse de l’ingénieux dispositif par lequel Éric Chevillard – lecteur de Lautréamont – piège ainsi son propre lecteur invite à considérer Choir comme une expérience de lecture singulière visant à recharger le texte d’une efficace nouvelle.

URLhttps://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2015-2-p-421.htm